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Une histoire de l'écriture |
L'écriture
est un système de signes servant à transcrire matériellement les sons
du langage parlé et à représenter la pensée.
Aux sources de l'écriture: mythe et réalité Chronologie (vers - 3300): Mise au point des premiers systèmes d'écriture Toutes les civilisations qui ont donné naissance à une forme d'écriture ont forgé une version mythique de ses origines; elles en ont attribué l'invention aux rois ou aux dieux. Mais les premières manifestations de chaque écriture témoignent d'une émergence lente et de longs tâtonnements. Dans ces documents, les hommes ont enregistré: des listes d'impôts et des recensements; des traités et des lois, des correspondances entre souverains ou États; des biographies de personnages importants; des textes religieux et divinatoires. Ainsi l'écriture a-t-elle d'abord servi à noter les textes du pouvoir, économique, politique ou religieux. Par ailleurs, les premiers systèmes d'écriture étaient compliqués. Leur apprentissage était long et réservé à une élite sociale voulant naturellement défendre ce statut privilégié et qui ne pouvait guère être favorable à des simplifications tendant à faciliter l'accès à l'écriture, instrument de leur pouvoir. L'écriture cunéiforme Le premier système d'écriture connu apparaît dans la seconde moitié du IVe millénaire avant notre ère, en basse Mésopotamie, pour transcrire le sumérien. Trouvées sur le site d'Ourouk IV (vers - 3300 avant J.-C.), de petites tablettes d'argile portent, tracés avec la pointe d'un roseau, des pictogrammes à lignes courbes, au nombre d'un millier, chaque caractère représentant, avec une schématisation plus ou moins grande et sans référence à une forme linguistique, un objet ou un être vivant. L'ensemble de ces signes, qui dépasse le millier, va évoluer ensuite sur deux plans. Sur le plan technique, les pictogrammes connaissent d'abord une rotation de 90° vers la gauche (sans doute parce que la commodité de la manipulation a entraîné une modification dans l'orientation de la tablette tenue en main par le scribe); ultérieurement, ces signes ne sont plus tracés à la pointe sur l'argile, mais imprimés, dans la même matière, à l'aide d'un roseau biseauté, ce qui produit une empreinte triangulaire en forme de «clou» ou de «coin», cuneus en latin, d'où le nom de cunéiforme donné à cette écriture.
Le sens des pictogrammes cunéiformes Sur le plan logique, l'évolution est plus difficile à cerner. On observe cependant, dès l'époque primitive, un certain nombre de procédés notables. Ainsi, beaucoup de ces signes couvrent une somme variable d'acceptions: l'étoile peut tour à tour évoquer, outre un astre, «ce qui est en haut», le «ciel» et même un «être divin». Par ailleurs, on ne s'est pas contenté de représenter un objet ou un être par un dessin figuratif: on a noté des notions abstraites au moyen de symboles. C'est ainsi que deux traits sont parallèles ou croisés selon qu'ils désignent un ami ou un ennemi. Le sens peut aussi procéder de la combinaison de deux éléments graphiques. Par exemple, en combinant le signe de la femme et celui du massif montagneux, on obtient le sens d'«étrangère», «esclave», butin d'une guerre ultramontaine. Tous ces signes, appelés pictogrammes par référence à leur tracé, sont donc aussi des idéogrammes, terme qui insiste sur leur rôle sémantique et indique de surcroît leur insertion dans un système. L'écriture cunéiforme va dépasser ce stade purement idéographique. On s'avise qu'un signe dessiné peut aussi évoquer le nom d'une chose, et non plus seulement la chose elle-même. On recourt alors au procédé du rébus, fondé sur le principe de l'homophonie. Ce procédé permet de noter tous les mots et donc des messages plus élaborés. L'écriture des Akkadiens Cependant, les Sumériens considèrent les capacités phonétiques des signes, nouvellement découvertes, comme de simples appoints à l'idéographie originelle, et font alterner arbitrairement les deux registres, idéographique et phonographique. Lorsque les Akkadiens empruntent ce système vers - 2300, ils l'adaptent à leur propre langue, qui est sémitique, et font un plus grand usage du phonétisme, car, à la différence du sumérien, dont les vocables peuvent se figurer par des idéogrammes toujours identiques, flanqués d'affixes qui déterminent leur rôle grammatical, l'akkadien renferme déclinaisons et conjugaisons. L'évolution du suméro-akkadien L'écriture suméro-akkadienne ne cesse d'évoluer et connaît notamment une expansion importante au IIe millénaire. Vers - 1500, les Hittites adoptent les cunéiformes babyloniens pour noter leur langue, qui est indo-européenne, associant leurs idéogrammes à ceux venus de Mésopotamie, qu'ils prononcent en hittite. L'ougaritique, connu grâce aux fouilles de Ras Shamra (l'antique Ougarit), dans l'actuelle Syrie, est un alphabet à technique cunéiforme; il note plusieurs langues et révèle que, à partir de - 1400 environ, l'écriture en cunéiformes est devenue une sorte de forme «véhiculaire», servant aux échanges internationaux et par là même simplifiée. Au Ier millénaire encore, le royaume d'Ourartou (situé à l'est de l'Anatolie) emprunte les caractères cunéiformes (vers - 800) et ne les modifie que légèrement. Enfin, pendant une période assez brève (VIe-IVe siècle avant notre ère), on utilise un alphabet à technique cunéiforme pour noter le vieux perse. Les hiéroglyphes égyptiens Les premiers témoignages «hiéroglyphiques» suivent de quelques siècles les plus anciennes tablettes sumériennes. Le mot hiéroglyphe , créé par les anciens Grecs, fait état du caractère «sacré» (hiéro-) et «gravé» (-glyphe) de l'écriture égyptienne monumentale, mais n'est réservé à aucun système d'écriture particulier. On désigne par le même terme les écritures crétoises du minoen moyen (entre - 2100 et - 1580), que l'on rapproche ainsi des signes égyptiens, mais qui demeurent indéchiffrées. Dès ses origines, l'écriture égyptienne comporte l'alternance, arbitraire comme dans le système cunéiforme, d'idéogrammes et de signes phonétiques. Ces hiéroglyphes, gravés à l'origine dans la pierre, en relief ou en creux, peuvent être disposés verticalement ou horizontalement, comme ils peuvent se lire de droite à gauche ou de gauche à droite, le sens de la lecture étant indiqué par la direction du regard des êtres humains et des animaux, toujours tourné vers le début du texte. Les idéogrammes peuvent être : – des représentations directes; – des représentations par synecdoque ou métonymie, c'est-à-dire en notant la partie pour le tout, l'effet pour la cause, ou inversement; ainsi, la tête d'un bœuf représente cet animal; une colonne de fumée sortant d'un réchaud représente le feu; deux yeux humains, l'action de voir; – des représentations par métaphore: on note ainsi la «sublimité» par un épervier, car son vol est élevé; la «contemplation» ou la «vision mystique», par l'œil de l'épervier, parce que l'on attribuait à cet oiseau la faculté de fixer ses regards sur le disque du Soleil; – des représentations par énigmes: on emploie alors, pour exprimer une idée, l'image d'un objet physique n'ayant qu'un rapport lointain avec l'objet même de l'idée à noter. Ainsi, une plume d'autruche signifie la «justice», parce que, disait-on, toutes les plumes des ailes de cet oiseau sont parfaitement égales; un rameau de palmier représente l'«année», parce que cet arbre était supposé avoir autant de rameaux par an que l'année compte de mois; et l'ibis, perché sur une enseigne, évoque l'Hermès des Égyptiens, le «dieu Thot». L'évolution des hiéroglyphes vers le phonétisme À partir des idéogrammes originels, l'écriture égyptienne a évolué vers un phonétisme plus marqué que celui du cunéiforme. Selon le principe du rébus là aussi, on a utilisé, pour noter telle notion abstraite difficile à figurer, l'idéogramme d'un objet dont le nom a une prononciation identique ou très proche. Par exemple, le scarabée, khéper, a servi à noter la notion qui se disait également khéper, le «devenir». Poussé plus loin, le recours au phonétisme mène à l'acronymie. Un acronyme est en l'occurrence une sorte de sigle formé de toute consonne initiale de syllabe. Apparaissent ainsi des acronymes trilitères et bilitères (nfr, «cœur»; gm, «ibis»), ainsi que des acronymes unilitères (r, «bouche»), qui constituent une espèce d'alphabet consonantique de plus de vingt éléments. Mais le fait de noter exclusivement les consonnes entraîne beaucoup trop d'homonymies. Pour y remédier, on utilise certains hiéroglyphes comme déterminatifs sémantiques destinés à guider l'interprétation sémantique des mots écrits phonétiquement. C'est dans la catégorie des déterminatifs qu'entre le cartouche, encadrement ovale signalant un nom de souverain. Sur le plan technique, si la gravure dans la pierre s'accommode de ces formes précises, l'utilisation du roseau ou du pinceau sur du papyrus ou de la peau entraîne une écriture plus souple. Les hiéroglyphes sont simplifiés pour aboutir à deux formes cursives: l'écriture hiératique (usitée par les prêtres) et l'écriture démotique (servant à la rédaction de lettres et de textes courants). L'écriture monumentale n'a presque pas varié au cours des trois millénaires que couvre son histoire, mais elle a été doublée par les autres formes. Sur le plan fonctionnel, les Égyptiens, tout comme les Sumériens, n'ont pas exploité pleinement leurs acquis et se sont arrêtés sur le chemin qui aurait pu les mener à une écriture alphabétique. La «langue graphique» des Chinois Après les écritures sumérienne et égyptienne, l'écriture chinoise est la troisième écriture importante à avoir découpé les messages en mots. Mais elle n'a pas évolué comme les deux autres, car, à la différence de tous les systèmes d'écriture, qui sont parvenus, à des degrés divers, à exprimer la pensée par la transcription du langage oral, l'écriture chinoise note une langue conçue en vue de l'expression écrite exclusivement, et appelée pour cette raison «langue graphique». L'évolution des idéogrammes chinois Ses premiers témoignages datent du milieu du IIe millénaire av. J.-C.: ce sont des inscriptions divinatoires, gravées sur des carapaces de tortues ou des omoplates de bœufs. Les devins y gravaient les questions de leurs clients puis portaient contre ce support un fer chauffé à blanc et interprétaient les craquelures ainsi produites. Nous pouvons suivre cette écriture à travers le temps et les différents supports: inscriptions sur des vases de bronze rituels aux alentours du IXe siècle; écriture sigillaire, gravée dans la pierre ou l'ivoire, au milieu du Ier millénaire; caractères «classiques», peints au pinceau, à partir du IIe siècle av. J.-C. Ces derniers signes ont traversé deux millénaires; en 1957, une réforme en a simplifié un certain nombre. Le fonctionnement de l'écriture chinoise Sur le plan fonctionnel, les pictogrammes originels ont évolué vers un système d'écriture où les éléments sont dérivés les uns des autres. Soit le caractère de l'arbre (mu): on peut en cocher la partie basse pour noter «racine» (ben), ou la partie haute pour «bout, extrémité» (mo); on peut aussi lui adjoindre un deuxième arbre pour noter «forêt» (lin), un troisième pour noter «grande forêt», et ultérieurement «nombreux», «sombre» (sen). Autre exemple: c'est à partir du signe de la femme que l'on note la «paix» (symbolisée par une femme sous un toit, autrement dit un foyer), ou bien ce qui est «bon, moral» (la femme avec son enfant). Un dérivé peut servir à son tour de base de dérivation. Ainsi, le pictogramme de la «servante», de l'«esclave», figurant une femme et une main droite (symbole du mari et du maître), est associé au signe du cœur, siège des sentiments, pour signifier la «rage», la «fureur», éprouvée par l'esclave. Mais cette langue graphique use aussi d'indicateurs phonétiques. Ainsi, le caractère de la femme, flanqué de l'indicateur «cheval» (mâ), note «la femme qui se prononce comme le cheval» (au ton près), c'est-à-dire la «mère» (m"a); si l'on associe «cheval» avec «bouche», on notera la particule interrogative (ma); avec deux «bouches», le verbe «injurier». Inversement, le caractère chinois peut être lu grâce au déterminatif sémantique. Ces déterminatifs, ou clés (au nombre de 540 au IIe siècle apr. J.-C., réduits à 214 au XVIIe siècle, et portés à 227, avec des modifications diverses, en 1976), sont des concepts destinés à orienter l'esprit du lecteur vers telle ou telle catégorie sémantique. Le même signe signifiera «rivière» s'il est précédé de la clé eau, et «interroger» s'il est précédé de la clé parole. On le voit bien, le système chinois repose sur le découpage de l'énoncé en mots. Il semble que, de l'autre côté du Pacifique, et au XVIe siècle de notre ère seulement, à la veille de la conquête espagnole, les glyphes précolombiens (que nous déchiffrons très partiellement à ce jour, malgré des progrès dans la lecture des glyphes mayas) présentent des similitudes avec cette écriture. Mais ils ne se sont pas entièrement dégagés de la simple pictographie. L'aventure durable de l'alphabet La naissance de l'alphabet L'invention de l'alphabet (dont le nom sera forgé par les Grecs sur leurs deux premières lettres alpha et bêta) se situe au IIe millénaire avant notre ère en Phénicie. Deux peuples y jouent un rôle important, les Cananéens et, à partir du XIIe siècle av. J.-C., les Araméens; ils parlent chacun une langue sémitique propre et utilisent l'akkadien, écrit en cunéiformes, comme langue véhiculaire, y compris avec l'Égypte (ce qui explique que l'écriture cunéiforme soit la plus répandue au Proche-Orient). Dans les langues sémitiques, chacun des «mots» est formé d'une racine consonantique qui «porte» le sens, tandis que les voyelles et certaines modifications consonantiques précisent le sens et indiquent la fonction grammaticale. Cette structure n'est sans doute pas étrangère à l'évolution de ces langues vers le principe alphabétique, et plus précisément vers l'alphabet consonantique, à partir du système cunéiforme. L'alphabet ougaritique Le premier alphabet dont on ait pu donner une interprétation précise est l'alphabet ougaritique, apparu au moins quatorze siècles avant notre ère. Différent du cunéiforme mésopotamien, qui notait des idées (cunéiformes idéographiques), puis des syllabes (cunéiformes syllabiques), il note des sons isolés, en l'occurrence des consonnes, au nombre de trente seulement. Il a probablement emprunté la technique des cunéiformes aux Akkadiens, en pratiquant l'acrophonie (la lettre ougaritique notant l'initiale de la syllabe akkadienne) et en simplifiant certains caractères. L'alphabet de Byblos Mais l'ancêtre direct de notre alphabet apparaît un peu plus tard, à Byblos (aujourd'hui Djebaïl, au Liban), centre commercial très actif. Dans différentes inscriptions antérieures au Xe siècle av. J.-C., dont celle du sarcophage d'Ahiram, on utilise, pour noter le phénicien, un ensemble déjà réduit à vingt-deux signes, légèrement modifiés dans leur tracé au Ier millénaire av. J.-C. (alphabet «classique», IXe-Ve siècle). Pour les deux alphabets d'Ougarit et de Byblos, entre lesquels il ne devrait pas y avoir de continuité globale, il est frappant que l'ordre des lettres soit le même et corresponde à peu près à celui des alphabets ultérieurs. Cet ordre, dont l'origine reste mystérieuse, serait très ancien. La forme et le nom des lettres Deux autres questions s'imposent. Quel critère a déterminé le choix de tel graphisme pour noter tel son? D'où viennent les noms des lettres? L'hypothèse retenue répond à ces deux questions à la fois: une lettre devait fonctionner à l'origine comme un pictogramme (A figurait une tête de bœuf); on a utilisé ce pictogramme pour noter le son initial du nom qui désignait telle chose ou tel être dans la langue (A utilisé pour noter a, issu par acrophonie d'aleph, nom du bœuf en sémitique); enfin, on a donné à la lettre alphabétique nouvelle le nom de la chose que figurait le pictogramme originel (aleph est le nom de la lettre A). C'est sur cette hypothèse que s'est fondé l'égyptologue Alan Henderson Gardiner dans ses travaux sur les inscriptions dites «protosinaïtiques» découvertes dans le Sinaï. Elles sont antérieures au XVe siècle av. J.-C., présentent quelque 35 signes pictographiques et notent une langue apparentée au cananéen. Les conclusions de Gardiner ne portent que sur quelques «lettres» de ce protoalphabet, mais elles semblent convaincantes et devraient permettre de repousser de cinq à sept siècles la naissance du système alphabétique. La chaîne des premiers alphabets Chronologie (vers - 725): La ' coupe de Nestor ' Des convergences dans la forme, le nom et la valeur phonétique des lettres établissent, entre les alphabets, une parenté incontestable. Pour l'araméen et le grec, celle-ci est collatérale: ils ont pour ancêtre commun le phénicien. De l'alphabet araméen dérivent l'hébraïque (IIIe ou IIe siècle av. J.-C.) et probablement l'arabe (avant le VIe siècle apr. J.-C.), avec ses diverses adaptations, qui notent le persan ou l'ourdou, par exemple; à moins qu'il ne faille distinguer une filière arabique qui aurait une parenté collatérale avec le phénicien. Du grec découle la grande majorité des alphabets actuels: étrusque (Ve siècle av. J.-C.), italiques puis latin (à partir du Ve siècle av. J.-C.), copte (IIe-IIIe siècle apr. J.-C.), gotique (IVe siècle), arménien (Ve siècle), glagolitique et cyrillique (IXe siècle). La propagation du christianisme joua un rôle majeur dans cette filiation: c'est pour les besoins de leur apostolat que des évangélisateurs, s'inspirant des alphabets grec ou latin dans lesquels ils lisaient les Écritures, constituèrent des alphabets adaptés aux langues des païens. Quant aux alphabets asiatiques, au nombre d'au moins deux cents, on pense qu'ils remontent tous à l'écriture brahmi. La devanagari, par exemple, a servi à noter le sanskrit et note aujourd'hui le hindi, ainsi que le tamoul, le telugu, le siamois. Or l'écriture brahmi a sans doute été créée d'après un modèle araméen. Tous les alphabets du monde proviendraient donc de la même source proche-orientale. |
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