Le Gluptier...

 

CHAPITRE NUMERO UN


Cela faisait trois heures que Bernard patientait.

Il avait vu passer bon nombre de visages, et cela l'amusait énormément. Jamais il n’aurait cru que les chômeurs pouvaient tant se ressembler.

Lui il s’en foutait un peu. Il avait acquis un savoir-faire.

C'était un artisan, mieux un artiste.

Bien sûr il était sans emploi.

Bien sûr il pointait à l'ANPE, mais cela était sans importance.

Il savait que son avenir était assuré.

Depuis la mort de son maître (qui lui avait tout appris), il savait qu'il était le seul au monde à posséder cet art.

Et, si tous les chômeurs se ressemblaient tant (lui mis à part) c'était à cause de l'incertitude de l'avenir.

Enfin, il fut appelé.

Il ne comprenait pas bien le sens la convocation qu'il avait reçue. On voulait le faire travailler. Ainsi l'ANPE servait bien à trouver du travail aux gens qui en était démunis.

Il entra dans une pièce fort bien tenue, où tout était propre et bien rangé. Deux chaises étaient installées face à un bureau classique sur lequel chaque chose était à sa place. Un bloc vierge, un classeur avec des fiches, un téléphone, une lampe, un terminal d’ordinateur.

Derrière, un jeune homme portant la barbe et les lunettes. Il était habillé dans un style décontracté mais bon aloi.


Il se présenta à Bernard qui en fit de même.

- Savez-vous que votre dossier me pose quelques problèmes ?

- Ah bon ! Répondit Bernard quelque peu étonné.


- Je pense qu'il doit y avoir quelques anomalies. Sans gravité rassurez-vous, Mais je n’ai pas bien compris 1’emploi auquel vous prétendez. L’ordinateur indique que vous avez travaillé pendant quinze ans avec M. Magidoz.


- C'est exact, approuva Bernard.

- Pendant quinze ans donc, et que vous occupiez un poste qui apparemment est sans rapport avec l'activité de votre ancien employeur. Vous étiez grutier ?


- gluptier, rectifia Bernard.


- Pardon ?


- Gluptier, Monsieur, pas grutier...


- Croupier ?


- Non, gluptier. G-L-U-P-T-I-E-R.


- Gluptier ?


- C'est cela.


L’employé de 1’ANPE était perplexe. Il observa Bernard en se demandant si celui-ci ne se payait pas sa tête. Il tapota sur le clavier près de lui, et attendit la réponse de son ordinateur.

- Hum ! Gluptier ? Apparemment cette catégorie n'est pas répertoriée dans nos fichiers.

- Cela me semble évident, dit Bernard.

- Pourquoi donc ? Interrogea le placier.

- Parce que je suis le seul à l’exercer !

- Voyez-vous... ricana le barbu."

C’était sûr, ce chômeur se foutait carrément de lui. Non seulement il ne se morfondait pas de son état de sans-emploi, mais en plus il était arrogant. Il n'avait jamais vu ça sauf quand il avait à faire à de jeunes branleurs qui vivent aux crochets de leurs parents. Mais assurément cet individu ne faisait pas partie de cette catégorie de personnes.

- Et ça consiste en quoi la . . . glupation ?

- C'est difficile à expliquer, Monsieur, répondit poliment Bernard. C'est un domaine très complexe. Je ne dis pas que c'est hermétique de prime abord, mais les mots peuvent difficilement apporter une explication sensée et compréhensible.

- Voyez-vous... Et comment je vous trouve un job, si je ne sais ce que vous faites...

- La meilleure solution serait que je puisse vous montrer . . .

- d’accord, montrez-moi.


- Ici ? Mais c’est impossible voyons. Il me faut mes outils...


- Où donc puis-je vous voir à l'œuvre, cher monsieur ?


Bernard réfléchit quelques instants, puis il proposa à son interlocuteur de lui faire une démonstration de cet art complexe dès la nuit venue.

Rendez-vous fut pris pour le soir même au bord du lac.

 

 

CHAPITRE NUMÉRO DEUX

A dix heures, alors que l’obscurité commençait à s’étendre dans le parc, l'homme de l'ANPE arriva au bord du lac. Il était fort troublé, et surtout impatient de voir le gluptier en action. Etait-ce une supercherie, un bluff. Dans quelques instants il serait fixé.

Au bord du lac, Bernard attendait. Il avait préparé les outils nécessaires à 1’accomplissement de son ouvrage.

Il salua le préposé aux emplois, et le fit monter dans sa barque. Au centre de l’embarcation se trouvait une énorme caisse en bois, hermétiquement close, portant des inscriptions que l'homme aux lunettes ne put comprendre.

Les amarres furent larguées, et Bernard commença à ramer vers le centre du lac.

La nuit était claire. Une légère brume montait à la surface du lac. Quelques oiseaux de nuit passaient. La lune éclairait la caisse de ses rayons. Elle était immense. Que pouvait-elle bien contenir ?

Bernard ramait toujours, et aucun mot ne venait troubler la paix qui régnait sur le lac. Seules les rames faisaient parler l'eau. C’était un moment d’une exquise quiétude. L’homme se laissait bercer par le tangage imperceptible du bateau qui avançait, fermement équilibré par 1’imposant colis qu 'il transportait.

Au centre précis du lac, Bernard stoppa 1’avance de la barque.

Il serra le frein, et toujours sans un mot monta sur la caisse.

CHAPITRE NUMÉRO TROIS

L’homme 1’observait.

 

CHAPITRE NUMÉRO CINQ

A 1’aide de quelques outils, il déverrouilla 1’énorme caisse.

Il en sortit un énorme sac. Il jeta la caisse dans l’eau. Celle-ci s 'éloigna lentement de 1’embarcation, en flottant sur 1’onde paisible...


Bernard ouvrit le sac, et en tira une autre caisse. Il jeta le sac à l'eau. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse, il ouvrit la caisse et en tira un sac. L’homme ébahit, observait Bernard, sans rien dire.

Bernard continuait son ouvrage. Il ouvrait des caisses pour en tirer des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des caisses. Les sacs et les caisses vides étaient irrémédiablement refoulés vers 1’extérieur du bateau, et allaient sur l'eau où ils étaient entraînés par la bise qui s'était levée.


Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse.

 

CHAPITRE

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Il ouvrit le sac et en tira une caisse.

Il ouvrit la caisse et sortit un sac.

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NUMÉRO

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Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. L’autre regardait toujours, en se disant que les caisses semblaient toutes de mêmes volumes. La lune poursuivait son périple dans le ciel étoilé, pendant que Bernard ouvrait ses sacs et ses caisses, comme autant de poupées gigognes.

Au milieu de la nuit, les caisses et les sacs étaient de la taille du gluptier. A l’aube, sur le lac toujours quiet, parmi les caisses et les sacs jonchant la surface de l’eau, dans la barque presque vide, Bernard ouvrait des caisses pour en tirer des sacs de la taille d'un sac à main, il ouvrait ces sacs pour en tirer des caisses. L’autre homme était hypnotisé par le savoir-faire du gluptier.

 

CAPICHTRE SUIVANT

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RÉSUMÉ DU CHAPITRE PRÉCÉDENT

Il ouvrit la caisse et sortit un sac.


ENCORE UN CHAPITRE

Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse. Il ouvrit la caisse et sortit un sac. Il ouvrit le sac et en tira une caisse.

A aucun moment il ne s’était arrêté dans son labeur. Il ouvrait des sacs, en tirait des caisses, il ouvrait des caisses pour en tirer des sacs, continuellement. Le soleil était déjà levé depuis trois bonnes heures. Bernard n’était plus juché sur les caisses et les sacs. Le volume était maintenant si réduit qu'il tenait dans les mains de l'artisan. Que dis-je de l'artiste ! Ils n’avaient pas prononcé un mot depuis la veille. Le gluptier continuait son travail. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses.

 

BIENTÔT LA FIN DU CHAPITRE

Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses. Il ouvrait des caisses et sortait des sacs. Il ouvrait les sacs pour en tirer des petites caisses.

Vers midi, alors que les deux hommes étaient fatigués par cette nuit blanche, Bernard sortit d'un sac en peau de crocodile, une caisse en or finement ciselé. Une pure merveille. Il ouvrit cette minuscule caisse pour en tirer un sac en fibres de platine. Dans ce sac en platine se trouvait une clé qui semblait taillée dans de l'émeraude, et une boîte brillant de mille feux. Elle était sans aucun doute en diamant.

Le gluptier avec des précautions infinies, introduisit la clé dans le trou de l'infime serrure. Le mécanisme joua, le couvercle précieux s'ouvrit. Dans cet écrin se trouvait une petite pierre bleue. D'un bleu flamboyant. D'un bleu indéfinissable. L'homme était émerveillé, et le visage de Bernard resplendissait. Bernard se saisit d’une pince en argent. Il prit la pierre bleue et indiqua à son spectateur de s'approcher du bord du bateau.

Après avoir repoussé les sacs et les caisses qui encombraient les abords de leur esquif, après avoir écouté le vent et le silence qui régnait toujours sur le lac. Après avoir longuement regardé la pierre : il la jeta dans l’eau.

ÉPILOGUE

 

Aussitôt des cercles concentriques s’étirèrent à la surface de 1’eau.

Des bulles remontèrent. Et il entendirent ce chant mélodieux que lançait le petit caillou :''Glupt... Glupt... Glupt...''

 

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