Le GOULAG |
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Tout cela se passait bien avant que le Père Stroïka et que la Glace Nostre ne fassent leur entrée en Union Soviétique en même temps que le Coca Cola et le Roll on the rocks. En ces temps lointains, où les berlinois de l'ouest pouvaient librement pisser sans que les marxistes leur voit la quéquette. En ces temps où la guerre froide faisait feu de tous bords, et échauffait les esprits ! En ces temps où le système communiste faisait se baisser le rideau de fer de magasins kolkhoziens. En ces temps où les chars remplaçaient les taxis et les autobus dans les capitales des pays de l'Est ! En ces temps donc où nous regardions se lever le soleil sur un horizon gris. Tout cela se passait là-bas, dans la pampa sibérienne peuplée non pas de gauchos mais de gauchistes. En ces temps où le K.G.B. était encore considéré comme le seul club Merde du bloc de l'Est ! Ainsi donc après ce long préambule
destiné à vous faire comprendre que tout cela se passait "avant". Il y a
longtemps ! Et que maintenant cest plus possible! Dans ce camp se trouvaient toutes sortes de dissidents, des capitalistes, des anticommunistes (qui ne sont pas le contraire des communistes mais qui sont des anticommunistes), des fainéants et des Prix Nobel. Or donc, dans ce camp, plus communément appelé Goulag, de l'allemand Stalag, Stal signifiant armoire à chevaux et " Ag " signifiant Aktien Gesselshaft (Société anonyme) le tout se traduisant en russe Goule (qui est également le nom donné aux vampires femelles) et Ag voulant toujours dire société vivant dans l'anonymat. Or donc dans ce Goulag se trouvaient des prisonniers, et plus particulièrement deux prisonniers politiques qui sont les héros de notre histoire.
- Bon sang Léontieff, s'exclama
Gouri" toi aussi tu as été déporté ? - Hélas oui, répondit Léontieff, j'en ai pris pour un minimum de vingt années.
Léontieff était un grand esprit de
son temps. Il n'avait vécu depuis son enfance que parmi les équations et les formules. - Mais qu'est-ce que t'as fait ? lui demanda le dénommé Gouri. - Je me suis promené un jour sur la plage. Et j'ai dessiné sur le sable, son doux visage et ses moustaches...
... - Alors j'ai crié, Et j'ai crié. ! Staline, pour qu'il revienne. Le crime était atroce, en vérité. Gouri compatissait aux malheurs de son camarade d'exil. Mais lui-même était là pour quelques années encore, et il se refusait à en compter les heures, tellement il tenait à éluder les heurts. Après quelques évocations croustillantes de ses troubles balnéaires, Léontieff s'intéressa au sort de Gouri. - Mais toi, mon pauvre Gouri, tu en as pris pour combien ?
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©Enki BILAL
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