Le train-train quotidien .... 

Dans un compartiment de train, la vieille femme au chien s'est installée ! Elle a réussi à mettre ses valises dans les filets malgré la hauteur de ceux-ci. Elle s’est assise et a commencé à lire son livre.

Son petit chien est couché à son côté. Il a un regard intelligent et triste! Sa tête est posée sur ses pattes et il regarde passer les gens dans le couloir.

Le train va bientôt partir quand un gros bonhomme vient prendre place face à la vieille dame. Il porte un chapeau à large bord et des lunettes avec des verres teintés. Son costume sombre ne peut être fermé à cause de son ventre.

La vieille dame le regarde du coin de l'œil. Elle n’aime pas les gens.

Elle n'aime que son chien. Elle aurait voulu le compartiment pour elle seule, bien entendu.

Une heure passe.

Le gros bonhomme après avoir somnolé sort de la poche de sa veste un énorme cigare et l'allume.

La fumée envahit le compartiment.

La vieille dame ronchonne. Le sans-gêne de ses contemporains la rend furieuse !

- Pourriez-vous éteindre votre cigare, se décide t’elle enfin.

L'homme l'ignore. Il continue à pomper sur son barreau et à s'envelopper d’un nuage de fumée. La vieille toussotante 1’indiffère totalement. Il se sait dans son droit, le compartiment étant " oui - fumeurs.


La vieille dame se lève et ouvre la fenêtre.

L'homme qui est assis dans le sens de la marche reçoit le vent dans la figure. Des cendres et des flammeroles incandescentes sont projetées dans ses yeux.

Calmement, avec la rapidité que lui permet sa carrure, 1’homme se lève pour fermer le fenêtre. Et après s'être assis à nouveau il reprend la dégustation de son Havane.

La vieille dame se relève et rouvre la fenêtre.

L'homme la referme.

Aucun mot n’est échangé entre les deux personnages chacun restant sur ses positions, tout dialogue étant superflu.

Excédée, la vieille s'empare du cigare du ventripotent et le jette par la fenêtre. L'homme ouvre des yeux ahuris.

Enragé, il se lève, se plante face à la vieille et la toise du regard !

- Vous avez un sacré culot, Madame. Si vous n’étiez pas une femme et si vous n'étiez pas si âgée je vous mettrai mis mon poing dans la figure.

Ce-disant il prend le petit chien et le jette par la fenêtre.

La femme crie, injurie 1’obèse, le frappe de ses petites mains, appelle le contrôleur, fait un scandale.

Le contrôleur arrive, il tente de calmer la situation. En vain !

A la gare suivante, la vieille dame descend avec le contrôleur pour déposer une plainte contre l'énorme et affreux bonhomme!

A peine sont-ils sur le quai que le contrôleur en regardant la voie s’écrie :

- Regardez ! Ne serait-ce pas là votre chien qui arrive en suivant les rails ?

La vieille regarde dans la direction indiquée par le contrôleur!

En effet, le toutou trotte nonchalamment le long de la voie.

- Vous voyez ce qu'il tient dans la gueule ? Demande le contrôleur.

La vieille dont la vue n’a plus toute sa jeunesse plisse les yeux.

- Ce n’est tout de même pas le cigare de l'horrible bonhomme ? Dit la vieille.

- Non, réponds le contrôleur, à mon avis ce doit être le centième glaçon !

 

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